Libre ! Mais de quoi exactement ?

L’émergence de la liberté vient de l’intérieur. Et bien qu’il puisse être nécessaire de revendiquer que certains paramètres extérieurs s’ajustent pour la faciliter et qu’elle soit favorable pour un ensemble d’individus, il demeure que la forme de liberté évoquée ici, c’est tout d’abord en nous que cela se passe. 

Libre ! Mais de quoi exactement ? Des limitations mentales et émotionnelles qui entravent la conscience. C’est permettre que la rivière, ou le grand vent de la vie et sa beauté, sa vaste intelligence, que ce qui nous dépasse largement mais nous englobe tous puisse circuler sans obstacle, avec la fluidité de la réalité. 

Quand la parole est libre de volontés limitées, cela signifie que l’expression devient une extension spontanée de la conscience elle-même. Les mots émergent naturellement, non pas dictés par un désir restreint, mais plutôt par la lucidité de la compréhension profonde et juste.

Lorsque le cœur est simplement disponible à l’action, cela implique des gestes sans attachement ni aversion, guidés par l’intelligence intuitive, celle qui tient aussi compte de la cognition et des apprentissages,  plutôt que par des motivations égoïstes. C’est le mouvement qui émane de la conscience pure et non l’intention personnelle qui entrave la danse. 

Dans cette posture, qui demande certainement audace et persévérance, nous expérimentons des rythmes et des élans cohérents, unifiés, sans remous intérieurs,  malgré les surprises qui peuvent en émerger.  Ce qui s’exprime transcende les limitations du «je·me·moi» individuel et centré sur ce qui veut être repoussé ou retenu, contrôlé ou évité. 

Il s’agit plutôt d’une ouverture à la réalité immédiate qui consiste davantage se laisser, avec volonté,  «être ce qui veut exister» à se laisser  «faire ce qui veut se faire» plutôt que de vouloir dicter. Il ne s’agit pas d’être passif, non, mais l’acte volontaire se situe plutôt dans l’attention active et engagée à faire le nécessaire, instant après instant,  pour libérer l’espace, se «tasser du chemin» et le préserver au mieux disponible. 

L’idée est que lorsque les barrières de l’ego, de la volonté limitée et des attachements limitant sont levés, la vraie nature de la réalité se révèle. 

Et comment sait-on que l’on est libre de cette façon ? Quelle en est la saveur à identifier pour se situer ? 

Voici quelques propositions des états qui, assurément incomplets, mais à tout le moins, peuvent être un bon point de départ lorsque l’on avance vers plus d’autonomie et d’émancipation. 

* La clarté mentale spontanée;  lorsque le centre est libre, la pensée devient claire, spontanée et non obstruée par des schémas de pensée répétitifs. Il y a une fluidité naturelle dans la compréhension des choses, dans les positions à prendre, dans le juste geste à poser qui considère instantanément soi et l’autre, l’ensemble et le spécifique sans avoir à le détailler et le décortiquer intellectuellement. 

* L’absence de conflits émotionnels ; dans l’absolu (patience, la nature humaine, étant ce quelle est, ne peut accéder à cette perfection – je propose de l’aborder davantage comme une direction et non un objectif à atteindre) une personne dont le canal est libre d’entrave éprouve des émotions et des sensations sans être submergé par elles. Il y a une acceptation paisible des émotions, une réceptivité, sans que celles-ci ne conduisent à des conflits internes ou avec les autres. La confiance à développer se situe peut être davantage dans le processus même de l’observation répétée, maintes et maintes fois  de l’expérience concrète du cycle des sensations qui «émergent · vivent · et passent». Un entrainement conscient à entreprendre. 

* Une présence accrue ; la personne est pleinement présente dans l’instant, en elle et avec l’environnement et ce,  sans être constamment préoccupée par le passé ou l’avenir. Il y a une profonde reconnaissance que c’est le seul moment «temporel» qui existe réellement et qui permet d’expérimenter la réalité concrète et transformatrice. Hier et demain ne sont que des représentations virtuelles. Images qui peuvent influencer la sensation actuelle mais, l’actuel, demeure maintenant. 

* Une intuition aiguisée ;  lorsque l’espace intérieur est libre, l’intuition devient plus aiguisée, plus franche. Des «insights» et des compréhensions profondes émergent spontanément et guident la personne dans ses actions et ses choix, elle montre la voie à suivre sans hésitation. Elle est dégagée des doutes, des peurs, du narratif qui fait perdre l’assurance de l’élan initial. L’intuition supporte l’équilibre et la confiance des pas. 

* Des relations plus justes et affranchies ; les relations avec les autres deviennent plus équitablement réciproques, empreintes de  compréhension et de considérations. Il peut y avoir toute l’affirmation nécessaire et une franchise essentielle dans l’expression des idées mais l’expérience même est  dégagée de jugement. Il y a  une capacité à se connecter authentiquement avec les autres dans la responsabilité et l’autonomie que nous devons avoir envers soi tout en considérant l’autre et sa propre responsabilité. Les réactivités disparaissent et l’intérêt pour les points de convergences prend le dessus sur la défense des divergences.

  • Une certaine joie intérieure ;  il y a, lorsque l’on porte une attention à se libérer des entraves, l’apparition d’une joie intérieure plus stable, moins variables et dépendante des circonstances extérieures. Un sensation d’un calme assuré, d’une force sentie comme plus profonde, assumée tranquillement, sans besoin de pousser ou retenir et qui transcendent les hauts et les bas de la vie quotidienne. Une joie qui demeure, un espèce de fil conducteur, au centre, qui ne disparais pas malgré le chaos à la surface du monde. 

Envie de ce type de liberté ? D’en prendre la responsabilité ? Car sur cette voie, personne ne peut faire le chemin à notre place. Les évènements d’avant et ceux à venir n’ont, aujourd’hui,  que la prise ou l’emprise qu’on leur accorde. Il est possible de libérer l’espace intérieur et que cette vastitude créatrice puisse se transporter et se refléter dans la représentation et l’expérience concrète du monde. 

Voie qui demande de la patience, de l’indulgence et de l’audace… qui peut aussi, par moment, être accompagné. Bien que le chemin soit personnel, «l’autre» est aussi nécessaire sur notre parcours. Comme nous le sommes aussi pour les autres.

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